Post by Oncle FetidePost by ChaeréphonA tous les lecteurs de ce forum, en particulier à Oncle Fétide,
Caligula, Périclès, Saturnin
tous mes voeux pour 2011
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Amicalement. Chaeréphon
"Je ne crains rien, je n'espère rien, je suis libre".
<http://users.tellas.gr/~sarbonne/index.htm>
Avec bien du retard,
A ce forum et và tous ses membres, je souhaite que la sagesse préside à
ses travaux, que la force les soutienne et que la beauté, à la fois du
coeur et de l'esprit, les orne.
A l'ami Chaeréphon, - mais peut-on mériter l'amitié d'un grand et
puissant esprit tel que le sien et que l'on admire tant ?- je souhaite
de le voir réduit à un simple volume fleurant bon l'encre le papier,
modeste chose qui à l'inverse de la boîte de Pandore contiendra les
meilleures choses monde.
Je me permets, cher Oncle, de répondre - j'en avais l'envie depuis
longtemps, puisque ce n'est pas la première fois que vous introduisez ce
sujet - sur l'opposition que vous faites entre "livre fleurant bon
l'encre" et Internet.
Avant l'apparition de l'écriture, la Grèce connaissait une tradition
orale. Or Platon n'aura pas de mots assez forts pour fustiger
l'écriture, censée altérer la mémoire, empêcher la vraie culture, etc.
On sait aujourd'hui ce que l'écriture a apporté.
Quand on a passé du texte manuscrit au texte imprimé, on a assisté à la
même levée de boucliers. Les esprits chagrins y ont vu un danger, une
perte de qualité, etc., l'Église notamment.
Certes l'imprimerie ayant réduit les coûts et le temps, n'importe qui
pouvait publier n'importe quoi de futile. Mais on ne peut nier le
progrès apporté par l'imprimerie, malgré les scories.
Aujourd'hui, on passe au livre virtuel, électronique. Vous y voyez, cher
Oncle, le diable, le contraire de la qualité, etc. En fait vos arguments
contre Internet ressemblent fort à ceux de Platon ou de l'Église
fustigeant à chaque fois le passage d'un support à un autre.
Car qu'est-ce qui change ? Rien à mon avis dans le fond. On a toujours
de bons auteurs, des auteurs honnêtes, des farfelus, des frivoles, des
menteurs, des manipulateurs, des textes historiques fondés sur une bonne
utilisation des sources, des révisionnistes, des textes originaux, des
plagiats, etc. Seul le support change. Et la quantité.
Certes le nombre de scories a augmenté. Mais Internet apporte aussi
d'autres choses, du point de vue de la prise de contrôle de
l'information par le simple citoyen, de la diffusion, d'aucuns diraient
de la gouvernance et de la démocratie citoyenne (MDR).
En conclusion, je ne vois pour ma part aucun danger dans Internet, ou en
tout cas pas plus de danger que dans le livre. Je ne citerai pour
exemple que le QSJ? sur l'indo-européen (très bon) et le QSJ? sur les
Indo-européens (exécrable dans son dernier chapitre), de Jean Audry.
Le lecteur habitué aux QSJ? aura toute confiance dans ces deux ouvrages.
Or il faut savoir que ce monsieur a été conseiller scientifique du Front
national... Et donc il faut le lire avec prudence...
Idem pour Internet !
La seule solution est donc dans le développement de l'esprit critique et
dans la Quellenforschung. Si Internet peut favoriser cela, alors on a
tout à y gagner. Sinon, on se retrouve dans le même cas que le lecteur
d'une "mein Kampf" fleurant bon l'encre, ou du lecteur se fiant à ce qui
est écrit sur un papyrus bourré de fautes parce que copié dans une usine
de copistes esclaves plutôt qu'à un texte bien appris, ou du récitant
gâteux qui mélange les vers ou raconte n'importe quoi pour faire plaisir
aux hôtes qui le paient sans que personne puisse vérifier si ce qu'il
dit est vrai.
Le support n'y est pour rien dans l'affaire. Tout dépend en définitive
de l'honnêteté de l'auteur et de l'esprit critique du lecteur.
Et sur ce plan là, tant que l'homme ce que l'histoire nous montre, le
problème sera toujours le même,... quel que soit le support...
Sur ce "Bonne heureuse" comme on dit par chez moi.
Ici à Athènes, malgré un petit air frais, c'est presque le printemps.
Les citronniers commencent à fleurir, les amandiers sont couverts de
bourgeons prêts à éclater; j'ai vu aujourd'hui des anémones et des
vlastaria, ces plantes qui ressemblent à du colza et dont les Grecs
ramassent les boutons pour en faire des salades.
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Amicalement. Chaeréphon
"Je ne crains rien, je n'espère rien, je suis libre".
<http://users.tellas.gr/~sarbonne/index.htm>