Post by ChaeréphonPost by Roinsard PatrickNous sommes d'accord, mais justement !
Prenons les mythes de Cyrus, Sargon (et Moïse j'y insiste) et Oedipe (et
- un enfant d'ascendance "noble" abandonné pour cause d'augure (ou de
magie) prévoyant le pire,
les causes de l'abandon de Moïse, de Romulus et d'Oedipe sont
fondamentalement différentes. Et donc dès le départ votre comparaison est
faussée, puisque justement, la structure de sens est différente.
Post by Roinsard Patrick- confié soit à un berger, un pauvre, un domestique, voire carrément à la
nature
- qui par miracle ou pitié ou ... survit
- puis est élevé dans l'ignorance de son ascendance, par un humain
compatissant (voire un animal dans le cas de Romulus et Rémus)
- et qui, un jour, retournant dans le monde accomplit le *destin* auquel
il était promis.
Mais justement leur destin n'est pas le même !!!
Romulus venge son père en tuant son oncle en pleine connaissance de cause
et retrouve le pouvoir légitime qui était le sien,
Rien de tout cela avec Oedipe.
Quant à Moïse, c'est encore une toute autre histoire.
Par ailleurs, vous n'avez fait qu'énumérer des ressemblances de thèmes et
de schéma narratif, en gommant les différences significatives, vous n'avez
rien dit le la structure - je parle de structure de sens, pas d'ordre du
récit. De structure profonde, pas de structure de forme, de surface.
Et donc comparaison n'est pas raison.
Et donc quelle que soit soit l'histoire, si vous laissez de côté les
détails qui font sens, dans la structure sémiologique qui est la leur,
vous aboutissez finalement à une simple morphologie du conte, et en fin de
compte, aux cinq parties du récit.
Tiens, je constate justement que dans la manière dont vous avez résumé les
mythes que vous citez, il n'y a que finalement les 5 parties du récit,
comme cadre. Mais il s'agit d'un cadre vide de tout sens.
Je laisse tout le texte malgré sa longueur. Nous ne nous mettrons pas
d'accord sur ce sujet je le crains.
Certes, je privilégie la ressemblance de structure formelle du récit sur la
ressemblance de sens sur laquelle vous insistez. Mais moins que vous ne le
dites.
Ainsi : Romulus, Sargon (d'Akkad) et Moïse sont tout trois abandonnés "dans
un panier sur le fleuve". Et ça, ce n'est pas dénué de sens !
Pour Cyrus et Oedipe, je vois plus un problème géographique : la montagne
est plus propice à l'abandon en Perse ou en Grèce que le fleuve. (mais ça a
le même sens).
Les causes d'abandon, sont pour Romulus, Sargon, Cyrus et Oedipe exactement
les mêmes : la crainte de l'usurpation du pouvoir. A nouveau même sens.
D'autant qu'à chaque fois il n'y a abandon, que parce que l'ordre de mise à
mort n'est pas exécuté ! Pour Moïse (promis à la prêtrise de fait puisque de
la tribu de Lévi - même s'il y a là anachronisme dans le récit) la cause est
la menace de mort que fair peser pharaon sur les nourissons hébreux mâles et
donc, là aussi, dans la vision hébraïque, la perte du pouvoir promis.
Dans chacun des cas, l'enfant est élevé de manière rurale (au moins chez
Tite-Live pour Romulus, et même pour Moïse puisque la fille de pharaon le
confie de fait à sa mère, même chose pour Cyrus d'ailleurs). Et ça aussi, ça
a du sens.
Bien sûr que les "péripéties" (pour reprendre votre allusion à la structure
du conte) de la reconquête du pouvoir sont différentes, mais pas tant que ça
: Romulus tue son oncle (usurpateur), Cyrus épargne Astyage mais conquiert
le pouvoir, Sargon élimine de fait Ur-Zababa, Moïse fait tuer tous les 1ers
nés egyptiens dont le fils de pharaon, quant à Oedipe il tue carrément son
père ! Les détails changent, le sens reste le même (traduisant bien sûr une
réalité historique différente).
Je vous accorde bien volontiers que j'ai essentiellement insisté sur les
ressemblances de schémas narratifs, mais je n'ai pas oublié le sens pour
autant.
D'autant que ce sur quoi je voulais insister au début c'était sur les
ressemblances formelles ! (Rappel : le sujet initial est l'énigme du Sphinx,
typique du rite initiatique sur le mode "surmontera-t-il l'épreuve ?").
Et que ce je disais au départ, c'était que des schèmes de récit avaient été
réutilisés (avec des variantes bien sûr) à travers les siècles.
Ce qui me laisse à penser (opinion je le répète) que ces schèmes faisaient
partie d'une sorte de fond commun de connaissances.
Enfin bon, je répète on ne se mettra sans doute pas d'accord sur ce sujet.
Pas bien grave : comme je le dis souvent, si tout le monde était d'accord
sur tout qu'est-ce qu'on se ferait ch... !
Bien à vous.